Voici quelques-un de mes coups de coeur en tant que spectacteur au théâtre.
Tartuffe
Mis en scène par Roger Planchon en 1973. C’est pour moi le premier choc !
J’ai 17 ans et Molière souffre encore à mes yeux, de la poussière des années du collège.
Grâce à Planchon, je découvre la force et la modernité du texte de Molière, l’intelligence, la justesse et la puissance d’une mise en scène mais surtout, je comprends que le théâtre peut générer des émotions aussi énormes qu’un concert de musique.
Peer Gynt
Mis en scène par Patrice Chéreau en 1981. Nouveau choc face à une écriture visuelle novatrice qui laisse une part importante au mystère, au fantasmagorique; émerveillement devant l’hyper expressivité du jeu de l’acteur, l’engagement total du corps dans un univers très proche de l’expressionnisme allemand.
La Cerisaie
Mis en scène par Peter Brook en 1981. Comparé à l’univers de Chéreau, celui de Brook m’apparaît d’une simplicité et d’une évidence merveilleuses : découverte de la sobriété de la mise en scène, de l’espace quasiment vide, du jeu épuré des acteurs et de la notion d’immédiateté que je redécouvre et comprends mieux un peu plus tard en lisant son livre « L’Espace vide».
Les Shakespeare
Mis en scène par Ariane Mnouchkine en 1983. Outre l’engagement physique total de l’acteur, le travail sur la figure du personnage poussé à l’extrême, la plongée dans un univers fortement inspiré du Kabuki, c’est la fabuleuse énergie véhiculée par le groupe et la force du travail collectif qui m’impressionnent.
Hamlet
Mis en scène par Eimuntas Nekrosius en 1998 : le spectacle est joué en lithuanien et pourtant, les enjeux de la pièce m’apparaissent de façon limpide. Dans un univers constitué de machines métalliques, de glace et de feu, le jeu très organique des comédiens est d’une vérité et d’une force bouleversante. Je me souviens de Gertrude et d’Hamlet, ballottés sur un « confident » en perpétuel mouvement. L’impossibilité des deux personnages à se parler était insoutenable.
Othello, Cymbeline, Troïlus et Cressida, Macbeth
2004 / 2009. Mis en scène par Declan Donnellan. Je suis impressionné par le jeu des comédiens, dépourvu de toute affectation. Ils jouent droit, en mordant dans chaque mot. La mise en scène ne cède jamais à la tentation de la nouveauté pour la nouveauté mais témoigne d’un réel travail sur l’œuvre ; aucune idée ne semble plaquée ; le sens est limpide ; le public ne reste pas à la porte du récit.
Maison de poupée, John Gabriel Borkman, Dämonen
2004 / 2009, mis en scène par Thomas Ostermeier. Il va droit à l’essentiel, nous plonge au cœur de la situation, tranche dans le vif. Le jeu des comédiens va au plus profond des sentiments, sans concession. La mise en scène est sans complaisance, dépouillée de tout artifice, intransigeante et radicale, sans posture intellectuelle plaquée.